23 janvier 2021

La débâcle des glaces de janvier 1918

L’hiver 1917-1918 connaît une vague de froid intense pendant un mois, de mi-décembre à mi-janvier. L’épisode débute par d’abondantes chutes de neige à partir du 16 décembre. Le 24 décembre, le froid redouble d’intensité, les températures minimales atteignent -10°C, puis -18°C début janvier.

La Loire se met à charrier des glaçons qui, chaque jour, s’épaississent. Peu à peu, ils se soudent et, vers le 5 janvier 1918, le lit de la Loire est complètement prit par une épaisse couche de glace (ce phénomène est appelé « embâcle »).

Cet épisode de froid est suivi d’un adoucissement des températures. La fonte de la neige et les pluies qui sont tombées entraînent une augmentation du niveau de la Loire. Cet épisode a une conséquence dramatique à La Charité-sur-Loire. Malgré des travaux entrepris pour diminuer la pression sur les bateaux de la famille Cornu, amarrés quai Clemenceau, la catastrophe n’a pu être évitée. Le 9 janvier 1918, l’épaisse couche de glace se rompt et est entraînée par le courant du fleuve (phénomène appelée « débâcle »). Mais elle est aussi soulevée par la crue et ralentie dans son évacuation par le pont de pierre. Le bateau-lavoir (appartenant à Charles Cornu) et le bateau-vivier (composé d’un bassin pour conserver le poisson vivant, d’un espace de vente et du logement de son propriétaire, François Cornu) sont détruits et projetés sur le quai.

Ce sinistre se produit en l’absence des deux frères qui sont mobilisés au front avec le 4e régiment du Génie d’Épinal. La famille Cornu ayant perdu à la fois son outil de travail et son logement, la solidarité s’organise. Une souscription est lancée auprès des Charitois. Au total, 9500 F de l’époque sont récoltés (près de 600 personnes ayant participé). Cette somme aida Charles Cornu à reconstruire un bateau-lavoir (qui sera de nouveau détruit par les glaces en janvier 1943) et François Cornu à acquérir une maison en ville avec un commerce pour la vente du poisson.

Les deux bateaux-lavoirs et, au centre, le bateau-vivier de la famille Cornu, vers 1905. Des draps et du linge sont en train de sécher sur le quai.
En 1914, seuls resteront le bateau-lavoir de gauche et le bateau-vivier qui seront détruits par la débâcle de janvier 1918.


Quelques photos du bateau-lavoir et du bateau-vivier détruits le 9 janvier 1918 
par la débâcle des glaces :







Années 1920. Le bateau-lavoir de Charles Cornu qui remplace celui détruit en janvier 1918.

Facture pour lavage de draps et linges au bateau-lavoir "La Confiance" en 1921.

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